Du le dossier «Les exploitations agricoles comme combinaisons d’ateliers», de Patrick Aigrain, Dominique Agostini et Jérôme Lerbourg, publié dans FranceAgriMer.
L’évolution de l’agriculture française est marquée par deux grandes tendances:
+ la concentration des exploitations. L’accroissement de la taille moyenne des exploitations est la conséquence de deux évolutions : une décroissance très rapide du nombre d’exploitations avec une division de moitié du nombre d’exploitations agricoles de tous statuts et de toutes tailles en un peu plus de 20 ans, et une diminution moins rapide de la surface agricole utilisée (SAU) avec 27 millions d’hectares (ha) en 2010 (- 6 % par rapport à 1988).
+ la spécialisation des exploitations et des territoires. On assiste depuis plusieurs décennies, en France comme dans de nombreux pays d’Europe, à une spécialisation croissante des territoires dans les productions végétales ou animales et particulièrement à une concentration spatiale des filières animales. Les facteurs physiques comme le climat et la disponibilité des terres ont vu leurs impacts sur la localisation des productions agricoles se réduire en raison des changements technologiques intervenus dans la production, le transport et la transformation.
La recherche, au sein du RA 2010, d’exploitations susceptibles de présenter une résistance structurelle microéconomique aux aléas a conduit à centrer l’analyse sur les exploitations multi-spécialisées de grande taille. L’hypothèse explorée est que la multi-spécialisation de grande taille, en offrant tout à la fois le degré de visibilité et de technicité requis par atelier en économie ouverte et la moindre dépendance globale à une crise portant sur une spéculation particulière, pourrait constituer un mode d’adaptation à ce contexte d’instabilité endémique.

L’analyse sur ce champ global (les exploitations de plus de 200 k€ de PBS associant au moins 3 ateliers) fait ressortir l’importance relative des ateliers «bovin lait », « hors-sol» et « grandes cultures » dans les associations d’ateliers caractérisant ces exploitations.
Dix ateliers végétaux et dix ateliers animaux ont été définis pour mener cette étude. Cette description vise à mettre en évidence l’existence d’exploitations de grande taille associant au moins trois ateliers distincts et présentant de ce fait potentiellement une résistance structurelle microéconomique aux aléas.
L’étude montre que ce type d’évolution de la structure des exploitations constitue peut-être un signal précurseur de l’apparition d’une autre voie d’évolution des systèmes de production, après plusieurs décennies d’évolution de l’agriculture française marquée à la fois par la spécialisation et la concentration des exploitations agricoles.