Ce Livre blanc est né d’un colloque dont l’objectif était de poser les fondements scientifiques et techniques de l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques. Il se propose d’offrir une synthèse des données et des solutions mises en avant lors de ce colloque, dans la perspective des négociations de la COP22 et au-delà.
Les effets du changement climatique sur les sols africains, dont les deux tiers se trouvent en zone aride ou semi-aride, viennent aggraver une situation déjà préoccupante. Les activités humaines et les pratiques inappropriées (surexploitation, pratique de l’abattis-brûlis, introduction d’espèces invasives, etc.) ont considérablement dégradé les terres, les conduisant parfois à la désertification.
Les sols africains souffrent de dégradation sévère, s’aggravant sous les effets du changement climatique. Or, le continent est l’un de ceux qui consomment le moins de fertilisants. Une gestion intégrée de la fertilité des sols s’impose, pour favoriser leur régénération et améliorer leur productivité. Une gestion qui doit être adaptée à la grande variabilité des situations locales.
La baisse des rendements agricoles pourrait atteindre 20 % en 2050, même en cas de limitation du réchauffement à 2 °C. En parallèle, la pression démographique se fait toujours plus grande en Afrique. D’après les projections, l’agriculture devra nourrir 1,5 milliard de personnes en 2030 et 2 milliards en 2050.
Aujourd’hui en Afrique, plus de 715 millions d’hectares de terres déboisées et dégradées se prêtent à la restauration. La mise en place de synergies entre les cultures agricoles, les arbres et l’élevage, est une approche qui fait ses preuves en matière de restauration des terres et d’amélioration de la productivité des sols, de leur régénération dans le temps et de leur résilience au changement climatique
L’agriculture africaine est particulièrement affectée par l’insuffisance de la pluviométrie, des capacités de mobilisation de l’eau et des techniques d’irrigation. Pourtant, le potentiel d’irrigation du continent existe : estimé actuellement à 2 %, il peut atteindre 25 %. L’adaptation de l’agriculture africaine passe inévitablement par une exploitation adéquate et raisonnée des ressources en eau disponibles.