Du le report “L’agroécologie: une réponse aux grands défis sociétaux et environnementaux“, du, Christian Huyghe, publié a Revue de l’Académie d’agriculture.
L’agroécologie est une discipline émergente, bénéficiant d’un contexte politique et scientifique très actif qui conduit à regarder les productions et territoires agricoles comme des écosystèmes, tant en productions végétales qu’en productions animales.
L’agroécologie est perçue comme la réponse aux défis de la productivité des systèmes agricoles face à une demande croissante et, dans le même temps, à l’atténuation du changement climatique, à la restauration des milieux, à la réduction des surfaces cultivées et, en particulier, elle fournit des solutions pour remédier à l’effondrement de la biodiversité qui est largement imputable aux changements d’allocation des sols et à l’impact de certaines pratiques agricoles.
La cohérence globale du système agri-alimentaire est également interrogée par ce changement de paradigme. On peut ici mentionner deux points particuliers:
- l’articulation entre agriculture conventionnelle et agriculture biologique sera modifiée à la fois parce que l’agriculture biologique est un prototype de l’agroécologie et par le mouvement fort de l’ensemble des autres formes d’agriculture.
- le changement des consommateurs, puisque la transition globale s’accompagne également d’une modification des comportements alimentaires.
Le premier vise à utiliser la biodiversité et les régulations biologiques positives, en tirant profit de cette biodiversité pour accroitre la flexibilité et la résilience des systèmes.
Le second axe est celui de la gestion des paysages et des territoires. L’organisation spatiale des parcelles, des ateliers de production, des espaces interstitiels et des infrastructures écologiques contribue aux régulations écologiques via la préservation des habitats, ce qui permet la protection des auxiliaires des cultures, des pollinisateurs.
Le troisième axe est celui qui concerne le bouclage des cycles de fertilité, et en particulier les cycles étroitement liés du carbone, de l’azote et du phosphore. Pour évaluer la valeur relative des possibilités offertes par l’agroécologie et les traduire en pratiques, il est impératif de prendre en compte à la fois:
- les cycles biogéochimiques, la biologie et l’écologie des sols.
- les technologies et options de recyclage et de valorisation des effluents, au niveau de l’exploitation agricole, au niveau des territoires.
- le couplage et l’intégration des systèmes de culture et d’élevage, de plus en plus séparés spatialement.
- l’organisation de l’ensemble de la chaine de valeur, depuis la production à la consommation, ce qui interroge la relation entre villes et campagnes.