Du le report “Alternatives au désherbage chimique sous le rang: désherbage mécanique“, du le Institut Français de la Vigne et du Vin
Le désherbage des vignes a plusieurs objectifs : limiter la concurrence par rapport aux ressources hydriques et azotées, maintenir un état sanitaire correct en évitant que les herbes ne montent au cœur des souches, et de surcroît contribue à l’aspect esthétique des vignes, vecteur d’image pour le vin.
L’utilisation des herbicides permet une très bonne maîtrise de la flore adventice du vignoble dans la majorité des cas. De plus, leur emploi est relativement simple et rapide. Cependant, la découverte de nombreuses molécules herbicides parmi les produits phytopharmaceutiques détectés dans les points de captage destinés à l’eau potable est à l’origine d’une forte pression sociale et politique pour la réduction, voire la suppression de l’usage des dites molécules.
La préservation de la qualité de notre ressource en eau potable est l’enjeu principal de la recherche de solutions alternatives. Les alternatives au désherbage chimique sont multiples : désherbage thermique, désherbage mécanique, enherbement. Cependant, la pression réglementaire visant à réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques est très forte et va contraindre la profession viticole à s’approprier progressivement ces alternatives, en passant certainement par une phase de coexistence et de combinaison avec les solutions chimiques.
On distingue le travail de l’inter-rang du travail de celui de la ligne des souches. La recherche d’alternatives pour l’entretien de l’inter-rang est plus simple: le travail du sol est possible dans beaucoup de situations, de même que l’enherbement. De ce fait, la situation la plus courante aujourd’hui est de n’avoir recours aux herbicides que pour la ligne des souches, soit selon le vignoble concerné, encore 30 à 50 % de la surface. Cette zone sous les souches est plus délicate à travailler, car il faut éviter les ceps et cela réduit fortement la vitesse d’avancement. Les constructeurs de matériels viticoles ont bien pris en compte cette nouvelle demande et proposent aujourd’hui un panel d’outils pour répondre à cette problématique de désherbage alternatif.
L’enjeu des expérimentations mises en place par l’IFV était de cerner les capacités et les limites de ces outils, afin d’en définir les conditions optimales d’utilisation.
Les alternatives au désherbage chimique sous le rang souffrent encore d’un manque de compétitivité. Elles sont globalement plus chères et plus délicates à mettre en œuvre.
Les constructeurs de matériels d’entretien du sol y voient bien sûr une formidable opportunité de développement. L’offre de matériels doit être variée, car la solution universelle n’existe pas. Il faut s’adapter aux conditions de production de l’exploitation.
Une autre révolution va également être nécessaire. Elle se situe au niveau du seuil de tolérance par rapport aux adventices. Il est acquis qu’il sera très difficile, dans des conditions économiques acceptables, de retrouver avec le désherbage mécanique ou thermique le niveau de propreté des parcelles qu’il était possible d’obtenir avec les stratégies de désherbage chimique. Il faudra donc raisonner le désherbage autrement et accepter un peu plus l’herbe dans les parcelles aux périodes où elle est la moins gênante pour la vigne.
L’herbe pourrait d’ailleurs représenter dans le futur une alternative crédible au désherbage chimique, y compris sous le rang, grâce aux efforts conjugués de la recherche et des sélectionneurs. En effet, en choisissant d’implanter sous le rang des espèces peu gênantes pour la vigne, assez rases et suffisamment couvrantes pour empêcher le développement des plantes indésirables, l’entretien sous le rang ne serait plus un problème…