Du livre «ECOLOGIE, CULTURE ET UTILISATIONS DU FIGUIER DE BARBARIE», publié par la FAO
Lorsque les Espagnols arrivèrent en 1492 sur l’île d’Hispaniola (aujourd’hui Haïti et la République Dominicaine) dans la mer des Caraïbes, les autochtones leurs présentèrent le fruit rouge de l’Opuntia, alors appelé « tuna », du mot caribéen tun. Les opuntias étaient distribués de la Mésoamérique à Cuba et à d’autres îles caribéennes, et les premiers Européens se sont rendu compte du rôle important – culturel et économique – des opuntias dans le monde préhispanique.
Leur introduction en Europe n’a pas été documentée; cependant elle s’est faite avant 1552, quand Lopez de Gomara a écrit au sujet du « nopal », considérant comme acquis que la plante était déjà bien connue en Espagne. Les premiers opuntias ont probablement crû dans les environs de Séville ou Cadix, le terminus des échanges avec les Indes; ils se sont ensuite propagés aux luxueuses propriétés des manoirs aristocratiques et aux jardins botaniques. Il est rapporté qu’ils ont été présentés en Italie vers 1560, en Allemagne et aux Pays-Bas en 1583, et en Angleterre en 1596.
Les Opuntias font maintenant partie de l’environnement naturel et des systèmes agricoles et Opuntia ficus-indica (L.) Mill. est l’espèce ayant la plus grande importance économique dans le monde. Ils sont cultivés en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe et en Océanie. On peut les retrouver du Canada à la Patagonie en Argentine, du niveau de la mer jusqu’à 5100 m d’altitude au Pérou.
Ils sont devenus invasifs dans les zones ayant une saison des pluies caractérisée par des températures élevées, par exemple en Afrique du Sud et en Australie. Dans les climats méditerranéens, l’invasion naturelle est limitée par l’humidité et les températures froides d’hiver qui contrastent avec les conditions chaudes et sèches des étés. Les usages traditionnels et populaires du figuier de Barbarie dans un grand nombre de pays ainsi que ses multiples fonctions ont attiré l’attention des agriculteurs, des éleveurs et de la communauté scientifique.
Les cultures de cactus bénéficient d’une attention croissante à travers le globe, en particulier le figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica), grâce à leurs caractéristiques uniques leurs conférant de la résilience aux conditions extrêmes mentionnées ci-dessus. Le figuier de barbarie est capable de pousser sur des terres où aucune autre culture n’est capable de croître; il peut être utilisé pour restaurer des sols dégradés et constitue dans de nombreux pays, comme l’Ethiopie, l’unique culture sur laquelle on peut compter lorsque toutes les autres sont vouées à l’échec. Cette culture vient du Mexique – aujourd’hui encore le plus grand producteur et consommateur dans le monde – mais d’autres pays, dont le Maroc, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Inde et le Pakistan, en augmentent la production et en diversifient les utilisations.
En plus d’être une culture résiliente, le figuier de Barbarie est de plus en plus apprécié pour ses multiples usages. Les fruits et les jeunes cladodes peuvent être consommés par les humains, et il y a un intérêt croissant pour son utilisation comme fourrage. Au Brésil, une plantation de plus de 400 000 ha dans la région du Nord-Est est un élément clé pour soutenir l’élevage dans cette région semi-aride du pays. La culture du figuier de barbarie pour le fourrage est aussi en train d’être adoptée en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. De plus, ses propriétés médicinales et industrielles font l’objet de recherches et de promotion.
Le Réseau International de Coopération Technique du Cactus de la FAO-ICARDA (CactusNet) a été créé en 1993 pour appuyer la promotion de cette culture sous-utilisée. La première édition de ce livre, Agro-ecology, cultivation and uses of cactus pear, a été publiée en 1995. Durant les 20 dernières années les connaissances sur le figuier de barbarie se sont développées et cela est reflété par cette édition 2017 largement révisée.